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L’émigration postuaise
Résumé de l’ouvrage de Jacques Prevosto :
" POSTUA Storia e anima di
un paese. " , Sandro Mario Rosso Editore Stampadore
1968.
Les familles ZOCCHETTI et
USEO sont originaire de POSTUA, petit pays italien qui se trouve au pied des
premiers contreforts alpins, sur la rive droite de la Sesia dans le Piémont.
Les postuais à qui on peut allier la ténacité et le calme du
piémontais avec l’activité studieuse du lombard et une touche de diplomatie
romaine est avant tout un montagnard.
Au XIXeme siècle, la vie du postuais ne différait en rien de la
vie paysanne du reste de l’Europe, se caractérisant par une certaine autarcie.
L’économie traditionnelle était fondée sur le pacage et une
certaine transhumance dans les alpages. Les châtaigniers nombreux dans la région
fournissaient à la fois nourriture et monnaie d’échange au marché de Crevacuore
ou on troquait le châtaignes contre le mais indispensable à la confection de la
polenta. On pressait aussi les noix pour obtenir l’huile pour la nourriture et
l’éclairage. Il existait aussi une certaine industrie très artisanale, on y
trouvait des fabriques de clous et de serpettes forgées et trempées dans une
dérivation de la Strona, ainsi qu’une fabrique de chaudrons.
Quelle force poussa donc nos ancêtres à quitter ce genre de
vie pour se lancer dans l’aventure de l’émigration ? Sans nul doute la recherche
du bien être.
Les ressources de la montagne difficile à cultiver et de
rendement médiocre, l’expansion démographique contraignit les habitants a
l’émigration. Au 17eme et 18eme déjà on trouve des familles postuaises à Rome.
Les postuais prirent conscience de l’existence d’autres modes
de vie que ceux de leurs aïeux susceptibles de leur assurer plus de risques,
mais aussi plus de bien être.
Lors de la domination napoléonienne sur l’Italie, Postua se
trouva administrativement et économiquement lié à la France, Napoléon créa les
grandes routes carrossables des Alpes, ce qui accentua les échanges entre la
Savoie et le Piémont. Les postuais par les cols du Petit Saint Bernard et du
Mont Cenis se rendaient en Savoie et émigraient donc temporairement comme
travailleurs saisonniers, notamment charbonniers. L’apparition du coke
concurrençant le charbon on n’avait plus besoin de " boscarini ", mais,
l’habitude était prise de franchir la montagne.
La crise économique en Italie, l’essor industriel en France,
le courant était désormais irréversible, Postua ne descendrait pas vers la
plaine turinoise, mais franchirait les montagnes.
Mais quel métier adopter alors que celui de forestier était
de moins en moins pratiqué ? Les postuais se firent alors menuisiers ou maçons.
Pourquoi ? Rien ne prédisposait ces paysans à effectuer les travaux du bâtiment
alors qu’il existait de petites entreprises de métallurgie à Postua. Peut être
parce que la vie de maçon s’apparente par bien des cotés à la vie paysanne. De
plus, l’industrie du bâtiment était beaucoup moins concentrée que l’industrie
métallurgique et permettait donc à des hommes courageux et résolus de fonder
leur entreprise.
Si certains continuant la tradition des " boscarini "
venaient faire des campagnes de maçons mais retournaient au pays en hiver,
d’autres s’établirent en France et ne retournèrent jamais au pays. Tel Antoine
Prevosto qui s’établit en 1855 à Saint Laurent du Pont et fut sans doute l’un
des premiers postuais à s’établir définitivement en France sans esprit de
retour.
Nombreux sont ceux qui comme lui s’établirent comme maçons ou
menuisiers, devenant des spécialistes des nouvelles techniques de construction
en ciment : le béton. Et le bond vers l’ouest de toute la famille postuaise est
indissolublement lié à cette révolution du ciment.
Les postuais bien établis firent venir en France leurs femmes
et leurs enfants et leurs entreprises prospérant devinrent des pôles
d’attraction pour l’émigration qui fut facilitée par le développement des
chemins de fer et le percement des tunnels alpins.
Une seconde génération d’émigrants plus importante trouvant
les chemins préparés par leurs aînés et les habitudes prises. vint peupler tout
l’ouest de la France, les émigrants se rendaient tout naturellement dans les
régions où se trouvaient déjà d’autres postuais souvent leurs parents. C’est
ainsi que la colonie postuaise se développa, une arrivée en entraînant une autre
et chaque fois les postuais revenus au pays en repartaient avec de nombreux
compagnons qui voulaient tenter a leur tour l’aventure de l’émigration qui était
devenue pour les jeunes postuais le mode de vie traditionnel. Certains
apprenaient déjà leur métier de maçon à Postua dans l’entreprise de Guiseppe
Dematéo. Ainsi arrivaient ils en France mieux préparés que leurs pères. La
communauté postuaise déjà installée en France leur permettait de trouver
rapidement une entreprise ou travailler avant d’aller s’établir a leur compte.
Ils n’hésitaient pas à parcourir toute la France avant de se fixer
définitivement.
Certains très vite se firent naturaliser, conséquence de
l’émigration et symbole de vie nouvelle.
D’autres au contraire, fidèles au souvenir de leur patrie d’origine restèrent
malgré tout de nationalité italienne.
Félicitons nous que durant la première guerre mondiale,
l’Italie et la France se soient trouvés alliés, car il fut ainsi épargné aux
postuais de douloureux débats de conscience.
Il n’en fut pas de même en
1940, l’émigration s’était alors arrêtée depuis vingt-cinq ans, les fils qui
avaient grandi en France avaient parfois succédé aux pères et le problème ne se
posait plus, la communauté postuaise était vraiment devenue française.
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