Les anciennes familles de Pleine-Fougères.
L'histoire que nous avons entrepris de relater serait incomplète si nous ne
disions, au moins, quelques mots des anciennes familles de Pleine-Fougères.
Déjà, au sujet des Seigneuries nous avons eu l'occasion de parler de
quelques-unes d'entre elles, mais ces familles de Seigneurs n'étaient qu'une
minorité ; nous voulons maintenant présenter celles qui, formaient
l'ensemble de la population.
Cet article intéressera d'autant plus, nous l'espérons, que la plupart de
ces familles ont encore des descendants dans la paroisse.
Nous commencerons par celles qui nous semblent les plus anciennes et dont
nous relevons les noms aux dates les plus lointaines dans les documents qui
sont à notre disposition.
La famille Lambert était très nombreuse, au temps
jadis, dans la paroisse. Elle y possédait d'importantes propriétés notamment
à Champlambert, à Villevrard, à Beaurepaire.
Cette famille comptait un grand nombre de branches que l'on distinguait
chacune, suivant la coutume du temps, par un surnom ou sobriquet, tiré
ordinairement des propriétés qu'elles habitaient, mais quelquefois aussi de
leurs vertus, de leurs prétendus défauts ou de leurs métiers ou commerce.
La grande situation des Lambert leur valait de la considération, et les
châtelains du pays ne dédaignaient point de rechercher leur alliance. Ainsi,
en 1680, Gabriel du Breil du Plessix, demanda la main de Catherine Lambert,
et, bien avant, Georges Lambert avait obtenu en mariage Perrine de
Saint-Gilles.
Parmi les principaux membres de cette famille nous remarquons Guillaume
Lambert, sieur de Champlambert, avocat et sénéchal du Plessix en 1851, puis
quelques prêtres : Gilles, qui était vicaire de la paroisse en 1673 ;
Julien, de Beaurepaire, qui chanta sa première messe le 19 avril 1654 ; et
Gabriel qui devint recteur de Cendres et mourut à Villevrard, en 1786.
La famille Bienvenu ne semble pas moins ancienne sur notre
sol. Elle fit plusieurs fois alliance avec des familles nobles, notoirement
avec les De la Noë et les de La Bouexière. Nous trouvons chez les Bienvenu
des prêtres, des, cultivateurs, plusieurs notaires et sénéchaux. Pierre fût
ordonné prêtre vers 1580 ; Gabriel fut recteur de Pleine-Fougères en 1613 et
devint ensuite notaire apostolique à l'évêché de Dol. Parmi les magistrats
issus de cette famille nous remarquons : Mathurin, sénéchal de Montrouault,
marié en 1654 à Françoise Bienvenu, puis a Jeanne Guerche en 1679, et qui
eut seize enfants dont François qui fut prêtre, et Félix qui devint
également sénéchal de Montrouault. Thébaut, fils de Félix, fut lieutenant de
Dol et avocat au parlement.
Les registres paroissiaux mentionnent aussi comme établies à Pleine-Fougères
à la fin du XVIe siècle les familles Bouvier, Palluel. Duines,
Gaslain, Barbot et Richard.
Robert Bouvier épousa Jeanne Richard en 1607, ils eurent pour
fils Laurent, avocat, qui mourut à l’âge de 24 ans. Sa pierre tombale que
l'on peut voir dans l’église auprès de la balustrade du chœur porte encore
lisiblement cette inscription: « De par nobles personnes Robert Bouvier et
Jeanne Richard sur L. Bouvier, leur fils, avocat a la Cour.
»
Un Robert Palluel, prêtre, célébra sa première messe le 2
octobre 1575. Guillaume Palluel était greffier, procureur et notaire
lorsqu'il épousa, à 24 ans, le 16 février 1676, Marie Bienvenu.
La famille Duines, elle aussi très ancienne dans la paroisse,
eut le grand honneur de donner à l'église un saint prêtre dans la personne
de Jean Duines, recteur de Roz-sur-Couesnon en 1631. C'est lui qui
accueillit et reçut d'ans son presbytère le Vénérable Jean de Saint-Samson,
lorsque celui-ci vint évangéliser et sanctifier cette contrée. Jean Duines
fut lui-même un modèle de grandes vertus ; il fonda un hospice auprès de sa
demeure et, avec sa sœur, il soignait les malades, il pansait leurs
plaies en même temps qu'il sanctifiait leurs âmes. Il mourut le 4
septembre 1656, laissant une grande réputation de sainteté. Guillaume Duines
épousa noble personne Perrine de la Noë vers 1605, dont il eut un fils
Gilles qui fut « officier de juridiction inférieure. » Suzanne Duines fut
mariée à Jacques de Sceaux, seigneur de Villebermont ; elle mourut en 1769,
âgée de 61 ans.
Guillaume Gaslain appartenait à une famille déjà très répandue
au XVIe siècle. Il épousa Jeanne Palluel en 1598. Parmi ses
descendants nous relevons le nom de François, notaire et procureur en 1685.
Pierre, également notaire et procureur, mourut en 1740, âgé de 88 ans. Cette
famille donna aussi des prêtres, parmi lesquels. Jean, cité dans un acte, en
1578, et Guy, mort en 1685 et inhumé dans l'église auprès de son oncle G.
Gauthier.
Originaire de La Boussac, Guillaume Barbot s'établit à
Pleine-Fougères en 1598, et sa descendance s'y est perpétuée. Elle se
glorifie d'avoir donné noble Maître Guillaume, avocat à la Cour, mort le 5
mai 1685, laissant de nombreux garçons qui ont étendu le nom de la famille.
Les Richard sont une autre grande famille de la paroisse. Ils
étaient nombreux et considérés, et aussi bien nommés, car ils possédaient de
nombreuses propriétés qui portent encore leur nom. Ils descendaient de
Guillaume Richard, sieur de la Croix, marié à Jeanne Dalimier en 1598. Parmi
les membres de cette famille, on compte, au cours des XVIIe et
XVIIIe siècles, un grand nombre de notaires, et des prêtres
réputés pour leurs vertus et leur charité.
Pendant l'époque de la Révolution, un Julien Richard fut colonel de la
Garde.
Il est fait mention, vers la .fin du XVIe siècle, d'un prêtre
originaire de la paroisse nommé Gabriel Gauthier. Un autre
prêtre de la même famille et portant ce même nom de Gabriel fut longtemps
vicaire à Pleine-Fougères. Il mourut en 1675 et fut inhumé sous la tour,
devant l'autel de Saint-Sébastien « où il avait fait placer sa pierre
tombale où étaient ses ancêtres. » Cette famille Gauthier donna encore deux
autres prêtres et aussi un avocat, Jacques, dont il est question en 1655.
Jean Gauthier est dit arpenteur royal, en 1660.
Il est question de la famille Renault en 1602. M° Gilles
Renault, prêtre, légua, par son testament daté du 28 août 1608, au profit de
l'Eglise une pièce de terre contenant environ un journal et demi, située
dans la Champagne de Coquerel et nommée la charrière. D'après les
dispositions du testateur, ce champ devait toujours appartenir à l'aîné de
la famille, à. charge pour lui de faire acquitter les messes des fondations
qu'il avait faites à l'église. A cette époque la famille Renault se
composait de deux branches principales, celles de la Croix, représentant la
Branche aînée, et celle de Villemarie. C'est une preuve que cette famille
était déjà depuis de longues années dans le pays.
La très ancienne famille Brune, dont une branche,
croyons-nous, fut anoblie et obtint la seigneurie de Montlouet, donna aussi
un prêtre, dont il est question en 1660.
La famille des Le Breton, venue de Saint-Georges, posséda à
peu près seule, jusqu'au commencement du XVIIe siècle, le village
du Val, qui d'ailleurs a conservé leur nom.
Leur fortune passa ensuite par alliance dans la famille des Leloup.
On a déjà parlé de la famille Leloup, très ancienne également
à Pleine-Fougères. Julien, y avait épousé, vers 1570, Roberde Lebreton,
Robert, sieur de Villebermont, fut marié à Jeanne Bouvier en 1590. Parmi sa
nombreuse descendance nous relevons le nom de Georges, ancêtre de la branche
du Val-aux-Bretons, puis les noms de deux prêtres et d'un clerc tonsuré. Les
Leloup firent plusieurs fois alliance avec les familles de Cherrueix, de la
Noë et de Comprond. La plupart de leurs mariages furent célébrés dans la
chapelle du Val qui leur appartenait.
Maître Pierre Olivier, sieur de La Lande et de Villevrard,
épousa, vers 1625, Jeanne Gaslain. Il eut pour fils Jean, marié à Julienne
Guerche en 1651, qui fit construire le manoir et la chapelle de Villecunan
et fonda la branche de ce nom. Parmi les Olivier de Villecunan nous relevons
le nom d'Hyacinthe, sénéchal du Chatellier, qui eut dix enfants. L'un de
ceux-ci, Jean, fut prêtre ; une fille, Georgine, se maria en 1700 avec Malo
de Saint-Gilles ; un autre, Jacques, né en 1688, épousa Anne Grohan et
continua la branche de Villecunan. Ce Jacques eut un fils nommé Malo, né en
1717, et qui devint avocat.
Nous trouvons encore parmi les Olivier deux autres branches; celle de
Villevrard, fondue dans la famille Lambert, et celle de la Sauvagère,
éteinte à la fin du XVIIIe
siècle.
La famille
Pigeon, venue de La Boussac, s'établit à Pleine-Fougères au XVIIe
siècle et sa descendance s'y est perpétuée.
Gilles Busnel, prêtre, est mentionné en 1578. Un autre membre
de la même famille, Jean, fut prêtre aussi et célébra sa première messe à
Sains le 12 mai 1619 et devint recteur de Pleine-Fougères en 1631. Au siècle
suivant, quelques membres de cette famille se fixèrent dans notre paroisse.
Quelques autres familles apparaissent au cours des XVIIe et XVIIIe
siècle dont les noms se sont conservés jusqu'à nos jours, notamment les
familles Jenouvrier, Auvré, Lemaréchal, Guyon, Bigot, Jan, David et Jus.
Citons les principaux personnages qu'elles ont donnés.
Marin Lemaréchal fut chirurgien à Pleine-Fougères vers 1680.
Jean Bigot, sieur du Léez, sénéchal du Plessix et de Montlouet,
épousa Denise Richard et mourut en 1751, laissant une nombreuse postérité.
Toussaint Jan du Vaudemaire, originaire de Saint-Broladre,
s'établit chez nous en 1745 et de son mariage avec Jeanne Jus naquirent
plusieurs enfants.
Les David étaient originaires de Normandie, ils vinrent à
Pleine-Fougères au cours du XVIIIe siècle. En 1598 on les trouve
à Saint-Senier-de-Beuvron. Chez nous cette famille donna noble Maître
Hyacinthe David sieur de Villée de Saint-Georges, avocat au Parlement et
l'un des volontaires qui se trouvèrent à l'affaire de Saint-Cast, combat où
fut repoussée une descente anglaise, en 1758.
Quant à la
famille Jus, elle donna M. Jus, premier maire de
Pleine-Fougères, pendant la Révolution. Guillaume Jus, prêtre originaire fut
cité en 1579 et 1588.
d'après notes manuscrites Eugène Jarnouen, archives privées.
|