Généalogie et Histoire en Pays Dolois  

Dol de Bretagne, histoire et cartes postales

Quelques pages d histoire locale

 

 

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Petits métiers dolois.

 

 

LES CORDIERS

 

Puisque nous sommes sur les rives du Guyoul, au bout de la Wetrue,  à l’extrémité des Hilouses se trouvait, perpendiculairement à la rivière, la corderie de Victor LETAN qui, pendant deux générations à fait de la corde, de la ficelle, de la sangle.

A cet endroit, sur cent mètres de long, s'étendait une large bande de terrain bordé de haies et d'arbres, planté de petites potences piquées de tourillons espacés de 5 centimètres, à l'extrémité nord, un petit bâtiment où était l'outillage.

Une roue spéciale servait à tordre le chanvre, la roue en mouvement prenait les fils ; le cordier, un écheveau passé autour du buste, s'éloignait à reculons, à petits pas et dévidait les brins qui se tordaient, entraînés par la force de la torsion, il mouillait de temps à autre le chanvre et la corde se façonnait seule. Il y avait une bobineuse de mise en pelotes pour les livraisons.

A l'autre bout de l'allée, sur la rivière, quelques marches en pierre permettaient d'y descendre. Un bateau à fond plat était attaché à un piquet. Le brave Victor LETAN prêtait son bateau aux enfants qui, le jeudi, allaient tourner la roue, ou le louait deux francs pour l'après-midi.

Quel bonheur d'aller faire du canotage jusqu'au moulin à huile à Carfantin ! Aller et retour, nous prenions un bain dans la baignade. Doux souvenirs d'enfance !

Le cordier était aussi crieur public et publicateur municipal. Il bannissait la vie doloise qu'il précédait d'une sonnerie de clairon. Les chiens le suivaient et hurlaient à la mort à chaque publication.

Ce métier a disparu, il ne reste plus trace de la corderie et Victor LETAN a trouvé sa place au paradis.

 

LES TEINTURIERS

 

Il y avait trois teinturiers : Messieurs Paul ROUAULT, René ROUAULT et Francis LESÉNÉCHAL.

Paul ROUAULT habitait la première maison à gauche, après le Pont de l'Archevêque, occupée actuellement par Monsieur VERON (1946), tailleur, son atelier se trouvait sur les bords de la rivière.

Son frère René demeurait où était le cordonnier LEROUX, rue des Ponts, il traitait la laine chez lui mais la lavait dans son bateau, au milieu de la rivière après le pont ; c'est ce bateau que le père LETAN acheta.

Francis LESENECHAL, surnommé : POTERIE, habitait à la Lavanderie avec son atelier derrière chez lui, et l'estacade sur la rivière, pour le lavage, existe encore.

Il fallait beaucoup d'eau aux teinturiers et l'eau du Guyoul a des propriétés de fixage particulières.

Les teinturiers avaient beaucoup de travail. Ils travaillaient a façon pour les fermière qui fournissaient leur laine. Pauvre métier cependant qui payait mal car ils durent abandonner tous les trois. Ile occupaient quelques ouvriers.                   

 

LES   TISSERANDS

 

A l'Abbaye, il y avait deux tisserands : Messieurs PITREL et JANNE. Pitrel demeurait dans une petite maison à droite, avant le tournant de l'Hôpital où il y a des marches.

Janne occupait la maison qui faisait l’angle du chemin de la Bruyère, cette maison tombant en vétusté et frappée d'alignement a été démolie et remplacée par un café.

Ces artisans travaillaient à façon, ils recevaient le fil de chanvre filé par les femmes des fermiers, tissaient la toile et la livraient pour un prix modique, mais c’était du solide.

Le métier était très dur. Tous les tisserands que j'ai connus boitaient : déformation professionnelle, à force d'appuyer sur la pédale du métier.

Monsieur JANNE est décédé il y a peu d'années. C'était un rigolo : à toutes les cavalcades, il représentait, avec sa femme en coiffe doloise et lui en blouse, le retour du marché aux cochons : une cage à claire-voie dans une vieille maringote.

JANNE avait un frère qui habitait la rue Ceinte. Il « travaillait dans les moulins », en l'espèce dresseur de meules, appareilleur de blutoirs, conduite… etc... métier très difficile mais disparu lui aussi puisqu'il n'y a plus de moulins à vent ni à eau.

 

LES  CLOUTIERS

 

Il y avait deux cloutiers : les deux frères TESSIER

L'un habitait rue Ceinte maie n'exerça pas si longtemps que son frère qui avait son atelier-forge dans le haut du Roquet, dans le renfoncement près le chantier Jamet.

Une forge et son soufflet mu par une roue où trottait un chien ; une enclume, bien entendu.

Il fallait être un fameux forgeron pour façonner les clous à sabots,  la façon de faire serait trop longue à expliquer, mais les clous étaient parfaits, sans pareils et solides a l'usure puisque c'était du fer forgé.

L'usinage mécanique livrant les clous en grande quantité et à bon marché mit fin à cette petite industrie.

Le frère TESSIER disparu n'a jamais eu de successeur.

 

LES TAILLANDIERS

 

Il y avait deux taillandiers à DOL : les SE VAILLES et le père DUCHESNE.

Ces artisans fabriquaient à la main des bêches, des fourches, des pelles, des pioches, des houettes (en patois) et tout le petit outillage agricole.

Ces outils étaient en bon acier ou fer forgé de Suède, donc de bonne qualité, leur trempe était savante car la clientèle était difficile.

Les SEVAILLES habitaient la Lavanderie et tenaient métier de père en fils.

Ils furent de bon» musiciens à "la Cipale". Quand le premier piston Sevaille n'était pas là, l'on s'en apercevait bien.

Vers 1900, la musique donnait tous les ans un concert pour ses membres honoraires dans la Mairie. Henri Sevaille exécutait toujours un solo de piston. Il jouait aussi dans les pièces. Je me rappelle de : « Quand on conspire », "Le moulin du chat qui fume", deux opérettes difficiles parmi tant d’autres, et rendues à la perfection. La musique municipale était en division d'excellence, elle remporte, de nombreux prix dans les concours. J'en reparlerai dans les coutumes doloises.

 Le Père DUCHESNE habitait en dernier lieu, rue Etroite, où reste Monsieur AUVESPRE mais la vieille maison doloise à été démolie il y a longtemps ; sa femme tenait épicerie, salaisons et café.

Les taillandiers ont disparut, ruinés par le bon marché des outils de quincaillerie et aussi par le manque de successeurs.

A propos de bêches, voilà un détail dont peu de dolois se souviennent.

La terre du marais s’attache aux bêches en fer,  or pour bêcher les jardins potagers qui se trouvaient nombreux au bas du Roquet et aux environs du Pont Rouge, sur la route de Cherrueix, avant 1910, les maraîchers se servaient de bêches en bois garnies d'une ferrure, seulement au coupant» La terre ne s'attachant pas sur le bois, le travail en était grandement facilité»

Le constructeur de ces instruments m'est inconnu.

Source :

Léon Derennes, vice-président de la Société Historique et Archéologique de Saint-Malo, textes écrits en 1946 pour la Société des Conférences de Dol. Certains de ces textes sur les vieux métiers dolois furent publiés dans le journal Ouest-France.

 
 
communication Michel Pelé

mise à jour : 18/11/2005